Le Man’yoshū[1] 万葉集

 

Durant la période qui précède la parution du Man'yoshū, le développement culturel du Japon est remarquable; cependant, poésie et littérature tarderont à se développer, comparativement aux autres arts, en raison de l'obstacle de la langue : il a fallu adapter le système d’écriture chinois et transcrire la littérature orale primitive, comme nous l’avons vu dans le cadre du Kojiki.

Les poèmes du Man'yoshū reflètent ces mutations historiques, tant dans leurs sources d’inspiration que dans la sensibilité ou les moyens d’expression.

 

 

不念尓 妹之咲乎 夢見而 心中二 燎管曽呼留

 

omowanu ni

imo ga emai o

ime ni mite

kokoro no uchi ni

moetsutsu so oru

Sans le vouloir,

J'ai vu dans mon rêve

Le sourire de ma bien-aimée,

Et mon cœur

Brûle en y pensant.

 

Ōtomo no Yakamochi – 718[2]

Trad. H. Nagashima

 

Dès la fin du 7ème siècle, une poésie spécifique commence à émerger tant dans ses thèmes que dans sa technique. Le Man'yoshū, anthologie d'anthologies (souvent des collections personnelles aujourd'hui perdues) est l'échantillon le plus représentatif de cette période, c’est le plus ancien recueil de poèmes japonais, terminé en 759, par Ōtomo no Yakamochi 大伴家持[3]. « La poésie [japonaise de l'époque Nara] est délicate de sentiment, raffinée de langage, et dénote une parfaite habileté de phrase, avec une obéissance attentive à certaines lois de composition qui lui sont propres. »[4]

 

Il est composé de 4496 poèmes répartis en 3 types : 61 sedōka[5], 262 chōka et 4173 tanka, sachant qu'avec les tanka sont regroupés les hanka 反歌[6]. Ces chiffres sont ceux avancés par Hisayoshi Nagashima dans la Revue Internationale du Tanka n°7. A d’autres sources, d’autres valeurs[7], avec une proportion constante de plus de 90% pour les waka. La prééminence de cette poésie n’est donc plus à démontrer.

Notons que le 1er renga y fait son apparition[8].

 

江林 次完也物 求吉 白栲 袖纒上 完待我背

 

E-hayashi ni

Fuseru shishi ya mo

Motomuru ni yoki

Shirotahe no

Sode maki-agete

Shishi matsu waga se

 

Le sanglier qui se cache

Dans le bois de l'anse

Sera-t-il une proie facile ?

Ayant relevé ses manches

[De blanc tissu]

C'est mon homme qui le guette.

 

Anonyme  – sedōka 1292

Trad. C. Peronny

 

 


XXXXXX


霹靂之
日香天之 九月乃鍾礼乃落者 鴈音文

来鳴 甘南備乃 清三田屋乃 垣津田乃 池之堤之 百不足五十槻枝丹 水枝指 秋赤葉 真割持 小鈴文由良尓 手弱女尓 吾者有友 引攀而 峯文十遠仁 に手折 吾者持而徃 公之頭刺荷

 

Kamutoke no

Hi-ka sora no

Nagatsuki no

Shigure no fureba

Karigane mo

Imada ki-nakanu

Kamunabi no

Kiyoki mi-taya no

Kakitsu ta no

Ike no tsutsumi no

Momo tarazu

I-tsuki no eda ni

Mizu-e sasu

Aki no momiji-ba

Maki moteru

Ko-suzu mo yura ni

Tawayame ni

Ware ha aredomo

Hiki-yojite

Ure mo towowo ni

Fusa-ta-wori

Ware ha mochite iku

Kimi ga kazashi ni

D'un ciel où roule le fracas[9]

Du tonnerre,

Au neuvième mois,

Tombent les giboulées

Avant que n'arrivent, en criant,

Les oies sauvages.

Près des rizières closes

Que gardent les loges sacrées[10]

De Kamunabi[11],

Sur les levées de l'étang

Les branches des zelkovas[12]

[si nombreuses][13]

Portent leurs feuilles d'automne

Aux fraîches couleurs.

Si fort, que sonnent les clochettes

A mes bras enroulées,

Bien que moi-même ne sois

Qu'une faible femme,

(Ces branches) j'ai saisi

Par le bout en les ployant

Pour les rompre,

Et, les portant, suis allée

Vers mon amant pour l'en parer.

Anonyme  – chōka 3223

C. Peronny14  pour la traduction et les notes

 

 

玉藻苅 辛荷乃嶋尓 嶋廻為流 水烏二四毛有哉 家不念有六

Tamamo karu

Karani no shima ni

Shima-mi suru

U ni shi mo are ya

Ihe omohazaramu

Ah! si j'étais ce cormoran

Qui tourne autour

Des îles de Karani

Où se récolte l'algue,

Penserais-je à ma maison ?

 

Yamabe no Akahito – hanka 943

Trad. C. Peronny

 

Ce poème est le premier des trois Hanka qui suivent un chōka de Akahito alors qu'il visitait les îles Karani.

 

 

Les poèmes peuvent être classés en trois genres principaux :

 

Ils sont parfois accompagnés d’introductions, notes de bas de page, proses, lettres ou poèmes chinois.

 

 

Ils sont répartis en 20 volumes.

Ä Le livre 1 est composé de 84 zōka, répartis en tanka et chōka.

 

 

渡津海乃 豊旗雲尓 伊理比紗之 今夜乃月夜 清明己曽

 

Watatsumi no

Toyohatakumo ni

Irihi sashi

Koyoi no tsukuyo

Sayakekari koso

 

Au-dessus de la mer,

Le soleil couchant

Jette ses rayons sur les nuages

En forme de bannières;

Espérons que ce soir la lune

sera claire.

 

Empereur Tenji – 15

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä Le volume 2 est divisé en deux parties (65 sōmon, principalement sur le thème de la séparation, et 93 banka) chacune constituant une séquence chronologique séparée.

 

 

橘之 蔭履路乃 八衢尓 物乎曽念 妹尓不相而 [三方沙弥]

 

Tachibana no

Kage fumu michi no

Yachimata ni

Mono o so omou

Imo ni awazute

 

Tel que les chemins où l'on marche

Sur les ombres des orangers

Partent du carrefour en tous sens;

De tous côtés vont mes pensées

En ne voyant pas ma bien-aimée.

 

Mikata Sami – 125

Trad. H. Nagashima



Ä Le livre 3 contient 153 zōka, 66 banka et 24 hiyuka[14] 譬喩歌

 

 

淡海乃海 夕浪千鳥 汝鳴者 情毛思努尓 古所念

 

Ōmi no umi

yūnami chidori na

ga nakeba

kokoro mo shino ni

inishie omōyu

 

O mouettes qui volez sur les vagues du soir

De la mer d'Omi !

Si vous chantez ainsi,

Mon coeur ne peut que se consumer de tristesse

En pensant à l'autrefois.

 

Kakinomoto Hitomaro[15] – 266

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä Le volume 4 est exclusivement consacré aux sōmon, sous des formes variées : 301 tanka et hanka, 7 chōka 1 sedōka

 

 

夕闇者 路多豆多頭四 待月而 行吾背子 其間尓母将見

 

 

Dans l'obscurité du soir,

Le chemin est incertain;

Attends! la lune va monter

Et tu t'en iras, mon très cher,

Pendant ce temps, je te verrai encore.

 

Oyakeme – 709

Trad. H. Nagashima



Ä Les 108 poèmes du livre 5 sont classifiés comme zōka, bien que des banka et des sōmon y soient mêlés.

 

 

銀母 金母玉母 奈尓世武尓 麻佐礼留多可良 古尓斯迦米夜母

 

Shirokane mo

kugane mo tama mo

nanisemu ni

masareru takara

ko ni shikame ya mo

 

L'argent

L'or, les bijoux

Qu'est cela ?

Le trésor le plus cher

Est-il comparable à un enfant ?

 

Yamanoue-no-Okura – 803

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä 27 chōka, 132 tanka, 1 sedōka, tous des zōka, composent le sixième volume.


大夫之 去跡云道曽 凡可尓 念而行勿 大夫之伴

 

 

C'est le chemin, dit-on,

Par lequel un homme habile

Part en voyage.

Vous qui êtes cet homme-là

N'y pensez pas à la légère !

 

Empereur Shômu [16] – 974

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä Le septième est deux fois plus volumineux avec 324 tanka et 25 sedōka.

 

 

琴取者 嘆先立 盖毛 琴之下樋尓 嬬哉匿有

 

Koto toreba

nageki sakidatsu

kedashiku mo

koto no shitabi ni

tsuma ya komoreru

 

Quand je prends le koto

Aussitôt mon coeur se serre

Je me figure que

Dans le vide du koto,

Ma femme est encore présente.

 

Anonyme – 1129

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä Le livre 8 (236 tanka, 6 chōka et 4 sedōka) est découpé par saisons, chacune d’elles étant subdivisée en sōmon et zōka

 

 

思具礼能雨 無間莫零 紅尓 丹保敝流山之 落巻惜毛

 

 

Averses,

Ne tombez pas sans cesse !

Combien ce serait regrettable

Que les feuilles rouges de la montagne

Se dispersent !

 

Anonyme – 1594

Trad. H. Nagashima

 

Ä Le neuvième volume est le seul qui contienne uniquement des zōka, des sōmon et des banka. Les 148 poèmes qui le composent sont, pour la plupart, écrits lors de voyages ou concernent des légendes.

 

 

吾去者 七日者不過 龍田彦 勤此花乎 風尓莫落

 

Wa ga yuki wa

nanuka wa sugiji

Tatsutahiko

yume kono hana o

kaze ni na chirashi

 

Mon voyage

Ne durera que sept jours

Dieu Tatsuta !

Surtout, ne laisse point le vent

Effeuiller ces fleurs de cerisier !

 

Takahashi Mushimaro – 1748

Trad. H. Nagashima

 

 

 

 

Ä Le dixième tome, le plus volumineux, contient 539 poèmes, dont 532 tanka. Comme dans le n°8, ils sont classés par saisons, divisées entre zōka et sōmon.

Dans les zōka, nous trouvons une série de 98 poèmes sur la fête de Tanabata[17].

Dans cet ouvrage, une séparation est établie entre les poèmes dits eibutsuka 詠物歌 (compositions sur les choses,  incorporées au zōka) et les kibutsuka (références aux choses ou à la nature), rassemblés dans le sōmon, car références signifie ici métaphores, ce qui est particulièrement adapté au poème d'amour.

 

 


秋風 吹漂蕩 白雲者 織女之 天津領巾毳

 

 

Le nuage blanc

Que le vent d'automne

Chasse et fait flotter;

N'est-il pas l'écharpe céleste

De l'étoile tisseuse17 ?

 

Anonyme – 2041

Trad. H. Nagashima

 

 

 

Ä Les volumes 11 (489 poèmes) et 12 (379 poèmes) forment une paire. Toutes les poésies sont des sōmon anonymes de la forme du tanka (sauf 17 sedōka).

C'est dans ces volumes, entièrement consacrés à l'amour, que la séparation entre les kibutsuka et les eibutsuka trouve sa raison d'être.

 

 

打日刺 宮道人 雖満行 吾念公 正一人

 

 

Sur le chemin du palais,

Sous un soleil brillant,

Va une foule de gens.

Cependant, vous, à qui je pense,

Etes le seul qui existez pour moi.

 

Anonyme – 2382 (vol. 11)

Trad. H. Nagashima

 

 

久堅之 天水虚尓 照月之 将失日社 吾戀止目

 

 

Si le jour arrivait

Où le soleil qui brille

Dans le ciel

Venait à disparaître

Alors, mon amour cesserait.

 

Anonyme – 3004 (vol. 12)

Trad. H. Nagashima

 

 

 

Ä Le livre 13 comporte essentiellement des chōka (126 poèmes), répartis entre banka, sōmon, et zōka, avec quelques mondō[18] et hiyuka.

 

式嶋乃 山跡乃土丹 人二 有年念者 難可将嗟

 

 

Dans ce pays de Yamato[19]

Si j'avais deux hommes

Pourquoi soupirerais-je ?

 

Anonyme [20] – 3249

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä Les 238 tanka du quatorzième volume chantent l'Est du Japon et sont répartis par zones géographiques. Une autre forme y apparaît : sakimori uta 防人歌, ou poèmes des ‘gardes-frontières’

 

 

信濃なる千曲の川のさざれ石も君し踏みてば玉と拾はむ

 

Shinano naru

Chiguma no kawa no

sazareshi mo

kimi shi fumiteba

tama to hirowan

 

Si vous marchiez

Sur les petits cailloux

De la rivière Chikuma

A Shinano

Je les ramasserais comme des bijoux.

 

Anonyme  – 3400

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä La particularité du livre 15 est d'être divisé en deux parties distinctes :

- 145 poèmes, tanka pour la plupart, composés par les membres de la Cour, ambassadeurs envoyés en 736-737 dans la ville de Silla, en Corée.

- 63 poèmes, tous des tanka, sōmon échangés entre Sano no Chigami et son amant Nakatomi no Yakamori, en exil dans la province d'Echizen.

Certains affirment qu'il ne s'agit là que d'une fiction.

 

 

 

 

 

安麻等夫也 可里乎都可比尓 衣弖之可母 奈良能弥夜故尓 許登都ん夜良武

 

 

Combien j'aimerais

Avoir comme messager le canard sauvage

Qui vole dans le ciel;

Car je voudrais donner de mes nouvelles

A Nara[21], la capitale.

 

Anonyme [22]  – 3676; Trad. H. Nagashima

 

 

Ä Deux grands genres composent le seizième tome : zōka et ‘zōka avec une histoire’ (yuen aru uta), forme combinant prose et poésie, souvent comique.

Ce livre contient aussi un bussokusekika[23] 仏足石歌.

 

 

商變 領為跡之御法 有者許曽 吾下衣 反賜米

 

 

Si une loi existait

De permettre la restitution ;

Vous pourriez me rendre

Le sous-vêtement

Que je vous ai offert.

 

Anonyme  – 3809; Trad. H. Nagashima

 

Les quatre derniers volumes forment un groupe distinct du reste. C'est une sorte de journal poétique, compilation personnelle de Ōtomo no Yakamochi.

 

Ä Le livre 17 s'étend de 730 à 748, en 142 poèmes.

 

多知夜麻乃 由吉之久良之毛 波比都奇能 可波能和多理瀬 安夫美都加須毛

 

 

La neige (fondue) du mont Tachi,

Me semble venir,

Au passage du gué,

De la rivière Hatsuki;

L'eau trempe mon étrier.

 

Ōtomo-no-Yakamochi – 4024; Trad. H. Nagashima

 

Ä Deux petites années, du 3ème mois de 748 au 2ème mois de 750, pour une centaine de poèmes dans le dix-huitième volume. Mais il semble qu'une partie du livre ait été perdue puisqu'une période d'un an, débutant à la fin de 748, est absente.

 

許能美由流 久毛保妣許里弖 等能具毛理 安米毛布良奴可 己許呂太良比尓

 

Que les nuages que je vois là-bas

S'étendent dans le ciel,

Le couvrent,

Et fassent tomber la pluie

Pour que mon coeur soit satisfait.

 

Ōtomo-no-Yakamochi [24] – 4123

Trad. H. Nagashima



Ä Le tome 19 couvre les années 750 à 753. 150 poèmes qui commencent au printemps avec des pêchers ou des pruniers en fleurs pour finir avec le vent dans les bambous ou le chant des fauvettes.

 

伊波世野尓 秋芽子之努藝 馬並 始鷹猟太尓 不為哉将別

 

 

Dans les champs Iwase;

Ecartant les lespédèzes d'automne,

Alignant nos chevaux;

J'aurais désiré aller à la première chasse au faucon.

Sans le faire, je vous quitterai donc.

 

Ōtomo-no-Yakamochi [25] – 4249

Trad. H. Nagashima

 

 

Ä Le livre 20 enfin, qui contient 224 poèmes, commence au 5ème mois de l'an 753 et finit au nouvel an de 759.

 

和我都麻母 畫尓可伎等良無 伊豆麻母加 多妣由久阿礼波 美都々志努波牟

 

 

 

Je voudrais bien avoir le temps

De prendre les traits de ma femme

Moi, qui pars en voyage;

En les regardant

Je ne cesserai de soupirer après elle...

 

Mononobe-no-Furumaro [26] - 4327

Trad. H. Nagashima

 

 

 

1/3 des tanka datent de l'époque Fujiwara (313-710) et les 2/3 restants sont de l'époque Nara (710-794), considérée comme l’âge d’or du tanka.

 

Ces Tankas ont été composés, pour l’essentiel, par des empereurs, des impératrices, la famille impériale, des nobles de la Cour et des fonctionnaires. Mais on compte aussi des poètes chez des paysans, des pêcheurs, des  courtisanes, de simples soldats et des filles de la campagne.

Ce melting-pot est caractéristique du Man’yoshū. « On ne retrouvera plus ce phénomène dans les anthologies poétiques des époques postérieures. »[27]

 

Le Man’yoshū a marqué son époque. Les poèmes qui ont traversé les âges nous sont d’une grande utilité pour comprendre à la fois la Japon d’autrefois et l’évolution de la poésie japonaise.

« Le Man’yoshū est un reflet exact de cette époque […],un miroir fidèle de l'âme du Japon, et c'est grâce à cette anthologie qu'on a pu appeler le siècle de Nara ‘l'âge d'or de la poésie’. »[28]

« On peut admirer aujourd'hui le plus riche tableau psychologique de l'ancienne civilisation [japonaise]. En même temps, dans ce recueil d'une époque où la littérature n'avait pas encore tué la poésie, on goûte le charme d'un lyrisme aussi puissant que délicat plein de vie, de fraîcheur, d'émotion spontanée. »[29]

 

 

Parmi les auteurs les plus célèbres, il faut citer les Manyô no gotaïka (les cinq grands du Man’yoshū) : Kakinomoto no Hitomaro, pour la période Fujiwara, et, de la période Nara, Yamabe-no-Akahito, Yamanome-no-Okura, Otomo-no-Tabibito et Otomo-no-Yakamochi.

Tous des hommes, bien que les femmes, moins d’une centaine, représentent presque un quart de l’ensemble des auteurs. Il serait dommage de les ignorer. « Leurs oeuvres ont une haute valeur littéraire en raison de leurs sentiments raffinés, sincères, profonds et humains. »[30] Aussi, nous intéresserons-nous aux principales : pour la période Fujiwara, l'Impératrice Jitô, et pour la période Nara, l'Impératrice Nukata, Ōtomo no Sakanoue no Iratsume et Sano no Chigami no Otome.

 

 

Ü     Kakinomoto no Hitomaro[31] 柿本人麻呂 (662-710)

 

雪己曽波 春日消良米 心佐閇 消失多列夜 言母不徃来

 

Yuki koso wa

Haru-hi kiyu-rame

Kokoro sae

Kie use tare ya

Koto mo kayowa-nu

 

La neige, certes

Fond au soleil du printemps

Mais votre cœur lui-même

N'aurait-il pas fondu ?

Pas un mot de vous !

 

Kakinomoto no Hitomaro – 1782

Trad. S. Terada

 

Il est le premier des ‘trente-six poètes immortels’ Sanjūrokkasen 三十六歌仙, Sanjūrokkasen, liste établie à la fin du Xème siècle par Fujiwara no Kintō 藤原公任[32]. Il est également le plus important poète du Man'yoshū. Il appartient à ce cercle restreint des grands poètes nationaux car « son expression a élargi les champs du Tanka »[33] Il a en effet créé un style à la fois noble et souple, varié et teinté « d'une douleur compatissante exprimée par des références mythologiques et un langage stéréotypé. »[34]

 

Bien que « Sa créativité ait dominé la fin du 7ème siècle, et, dans une large mesure, toute la tradition du Man'yoshū »[35], la vie de cet homme reste quasiment inconnue, mis à part ce que nous pouvons glaner au fil de ses poèmes[36] :

-          il était un courtisan, probablement de rang inférieur

-          il est reconnu comme le 1er poète professionnel du Japon. Il a en effet souvent accompagné son souverain, ou d'autres personnages royaux, lors de voyages, qu’il commentait,  et il a composé des poèmes sur demande pour commémorer des événements importants dans la vie de la cour

-          à un certain moment, il a résidé à Iwami[37] 石見町,, exerçant peut-être dans l'administration provinciale, et il semble qu'il ait effectué de nombreux voyages (dans ses poèmes, nous trouvons trace d'une épouse à Iwami et d'une autre à Karu, village proche de Asuka 明日香村, alors capitale du Japon.

-          ses poèmes, même ceux écrits sur des faits très personnels comme le chagrin, restaient accessibles à tous car Hitomaro, qui se positionnait comme l’acteur d’une scène et non comme l'observateur, savait s’exprimer d’une humanité commune à tous, dépassant les limites de sa culture personnelle.

-          il était passé maître dans l’art du makura kotoba 枕詞枕言葉, mot-oreiller[38], à tel point que plus de la moitié de ces expressions lui sont attribuées.

 

Hitomaro est l'un des trois poètes les plus estimés de l'histoire poétique japonaise, avec Saigyô et Bashô.

Ces poèmes sont caractérisés par la simplicité et l’immédiateté.

Il a également été un des précurseurs à avoir « exploiter le potentiel de la langue japonaise pour son ambiguïté syntaxique. »[39]

 

 

東 野炎 立所見而 反見為者 月西渡

 

himugashi no

no ni kagiroi no

tatsu miete

kaerimi sureba

tsuki katabukinu

 

Aux immenses champs de l'Est

La clarté du jour naissant

Apparaît.

Si je me retourne

La lune descend vers l'Ouest.

 

Kakinomoto no Hitomaro – 48

Trad. H. Nagashima

 

 

 

Ü     Yamabe no Akahito[40] 山部赤人(700-736)

 

玉藻苅 辛荷乃嶋尓 嶋廻為流 水烏二四毛有哉 家不念有六

 

Tamamo karu

Karani no shima ni

Shima-ni suru

U ni shi mo are ya

Ihe omohazaramu

 

Ah ! si j'étais ce cormoran

Qui tourne autour

Des îles de Karani[41]

Où se récolte l'algue,

Penserais-je à ma maison ?

 

Yamabe no Akihito – 943

Trad. C. Péronny

 

Comme pour Hitomaro, sa biographie est bien mince. Seules quelques notes, en préambule à ses poèmes, permettent de tracer les grandes lignes de sa vie.

Fonctionnaire du Service des Forêts, il était un ‘poète lauréat’, c'est-à-dire un semi-professionnel engagé pour composer des vers à l'occasion des naissances ou des décès des souverains.

Il a souvent accompagné l'Empereur en voyage, notamment à Yoshino 吉野[42], et il écrivait des poèmes commémoratifs de ceux-ci.

Le Man’yoshū recense de lui une quinzaine de nagauta et une quarantaine de tanka. Mais c’est avec ces derniers qu’il est demeuré célèbre. Akahito était passé maître dans l’art du tanka : « Son style était clair, agréable et élégant. »[43] Il a apporté à la structure formelle du tanka, la description lyrique combinée à la beauté esthétique des images de la nature. C’était une telle caractéristique de ses poèmes, qu’il fut surnommé ‘le poète des images’.

 

田兒之浦従 打出而見者 真白衣 不盡能高嶺尓 雪波零家留

 

Tago no ura yu

uchiidete mireba

mashiro nizo

fuji no takane ni

yuki zo furikeru

 

De la baie de Tago

Quand je sors de mon logis;

Si je vois l'éclatante blancheur

Du faîte du Mont Fuji :

C'est que la neige est tombée!

 

Yamabe no Akihito – 318

Trad. H. Nagashima

 

Ki no Tsurayuki, dans sa préface du Kokinshū, juge Hitomaro et Akahito à qualité égale, trouvant difficile de les départager. Ils étaient, depuis, considérés comme « les stars jumelles du Man’yoshū »[44] Leurs styles étaient pourtant différents. Akahito, fortement influencé par la poésie d’Hitomaro, était un poète de la nature, un peintre réaliste, à l’opposé de ses contemporains qui chantaient la souffrance de la vie ou les contradictions de la société.

 

 

千磐破 神之社尓 我<挂>師 幣者将賜 妹尓不相國

 

wakanoura ni

shio michikureba

kata o nami

ashibe o sashite

tsuru nakiwataru

 

A la baie de Waka,

Quand la marée monte,

Il n'y a plus de lagune;

Vers les roseaux de la plage

Les cygnes s'envolent en criant.

 

Yamabe no Akihito – 558

Trad. H. Nagashima

 

 

Ü     Yamanoe no Okura 山上憶良[45](660-733)

 

Un des plus fameux élèves de Tabito.

Il est né, sur le continent, à Paekche[46], d’un père savant qui a migré au Japon, en 663, après l’invasion de sa contrée par le régime de Silla[47].

Elevé dans la tradition littéraire, il a étudié la poésie et les classiques chinois.

Ainsi ses poèmes, bien que rédigés en japonais, montrent une grande connaissance de la pensée bouddhiste, et « dans ses tanka, l'influence du confucianisme et du taoïsme est évidente ».[48]

 

 

 

 

 

富人能 家能子等能 伎留身奈美 久多志須都良牟 こ綿良波母

 

tomibito no

ive no kodomo no

kiru mi nami

kutashi sutsu ramu

kinu  watara wamo

 

Les enfants de riches

Ne porteraient pas un kimono

D'ouate de soie

Si peu qu'il soit fané...

Hélas, ils le rejetteraient

avec dédain!

 

Yamanoe no Okura – 900

Trad. H. Nagashima

 

Après avoir servi la Cour en différents domaines (ayant commencé sa carrière comme simple bureaucrate), en 701, il est nommé membre de l’Ambassade officielle du Japon envoyée au pays des Tang. Il n’est revenu que vers 707.

Quelques années plus tard, en 721, sa réputation d’érudit du chinois, lui a permis d’accéder au poste de tuteur du Prince héritier Obito 首皇子, le futur Empereur Shōmu 聖武天皇

Nous trouvons trace de cette double ‘nationalité poétique’ dans le Man’yoshū : à côté d’une douzaine de chōka et de 70 tanka, sont répertoriés 2 kanshi 漢詩, poèmes chinois, et une douzaine de poèmes en prose chinoise.

C’est également Okura qui a expérimenté le célèbre thème romantique de Tanabata 七夕, importé de Chine.[49]

 

Vers 726, il a été nommé Gouverneur de la province de Chikuzen 筑前国[50], ou, en raison de son âge avancé, il n’est resté en poste que six ans avant de rejoindre Nara 奈良市, la nouvelle capitale[51]. C’est à cette période qu’il a rejoint le groupe de Tabito (le groupe de poètes le plus important de cette génération), avec lequel il a noué des relations amicales.

La rencontre des deux poètes a stimulé leur créativité respective.

 

 

 

周弊母奈久 苦志久阿礼婆 出波之利 伊奈々等思騰 許良尓佐夜利奴

 

sube mo naku

kurushiku areba

idehashiri

inana to omoedo

kora ni sayarinu

Je n'en puis plus !

Je souffre tellement,

Que je pense à m'enfuir

Et à me sacrifier;

Mais les enfants me retiennent.

Yamanoe no Okura – 899

Trad. H. Nagashima

 

Okura est la voix la plus originale  du Man’yoshū. Au contraire de nombreux autres poètes, il n’a pas suivi les traces d’Hitomaro. L'amour ou la nature ne l'inspiraient guère. Il a préféré substituer à une vision harmonieuse de la vie, l’amour envers ses enfants ou l’indignation, face à la difficile existence des pauvres. « Son ‘dialogue sur la pauvreté’ Hinkyū-mondō no uta reste le plus célèbre. C'est un échange poétique entre un homme pauvre et un autre, encore plus démuni, sur les misères de leurs vies. »[52]

L'engagement d'Okura n'est pas politique. Il n'appelle pas la réforme, mais offre des conseils, inspirés du Bouddhisme, de résignation et d'acceptation.

 

富人能 家能子等能 伎留身奈美 久多志須都良牟 こ綿良波母

 

yo no naka o

ushi to yasashi to

omoedomo

tobitachikanetsu

tori ni shi araneba

Bien qu'on pense

Que ce monde

Est mauvais et détestable,

On ne peut s'envoler

N'étant pas oiseau, hélas!

Yamanoe no Okura – 893

Hanka du dialogue du la pauvreté, Trad. M. Revon

 

 

 

Ü     Ōtomo no Tabito[53] 大伴旅人 (665-731)

 

 

痛醜 賢良乎為跡 酒不飲 人乎熟見者 猿二鴨似

 

Ana miniku

Sakashira wosu to

Sake nomanu

Hito wo yoku miba

Saru ni kamo niru

 

Combien ridicule

Celui qui, avec de grands airs,

Refuse de boire.

Quand je le regarde bien,

Il me rappelle un singe.

 

Ōtomo no Tabito - 344

Trad. C. Péronny

 

 

C'était un homme politique, issu d'une célèbre famille de militaires, commandants de la famille impériale, dont le pouvoir a été petit à petit évincé par l'accession des Fujiwara.

Il occupa de nombreuses fonctions officielles et, en 725, à l'âge de 60 ans occupa le poste de gouverneur général du Kyūshū (Dazai no sochi大宰帥). « Il implanta le Tanka dans cette province comme une fleur de la capitale; car le Tanka se cultivait surtout dans la capitale. »[54]

Appartenaient à son groupe de poètes, notamment, Yamanoe no Okura et Kasa no Maro (704-731), un officiel de haut-rang plus connu sous son nom de bouddhiste Manzei 沙弥満誓.

 

 

De retour à la capitale en 730, il fut promu au rang de dainagon 大納言, grand Conseiller d’Etat.

 

Il avait une profonde connaissance de la littérature et de la philosophie chinoise. Ce qui a du renforcer son amitié avec Okura.

« Bien qu'ayant leur propre personnalité, Tabito et Okura étaient tous deux fortement influencés par le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme.  Dans le cas d'Okura, l'influence du confucianisme était prépondérante. Dans celui de Tabito, il semble que ç'ait été le taoïsme. »[55]

 

験無 物乎不念者 一坏乃 濁酒乎 可飲有良師

 

ta me shi na ki

mo no wo o mo wa zu wa

hito tsuki no

ni go re ru sa ke wo

no mu re ku a ru ra shi

 

Plutôt que de penser

À une chose chagrine;

Bois une coupe de saké

Même peu raffiné!

 

Ōtomo no Tabito - 338

Trad. H. Nagashima

 

 

Il chanta le saké, sa femme, son pays natal, le voyage, l'amour, la séparation et l'amitié dans 2 chōka et 76 tanka, répertoriés dans le Man’yoshū. Parmi les plus célèbres, citons les ‘13 poèmes en l'honneur du saké’, un des thèmes favoris des Chinois (et non des Japonais).

Cette influence de la poésie chinoise, dont il apprécie tant l'élégance raffinée,  se perçoit aussi dans les poèmes composés sur la contemplation des fleurs de prunier, pendant une 'garden party' qu’il avait organisée au Dazaifu大納言[56], en 730. L'événement est d'ailleurs relaté dans le cinquième volume du Man’yoshū, accompagné de nombreux poèmes des participants.

 

 

Ü     Ōtomo-no-Yakamochi 大伴家持[57](718-785)

 

 

春苑 紅尓保布 桃花 下照道尓 出立つ嬬

 

Haru no sono

Kurenai niou

Momo no hana

Shitaderu michi ni

Idetatsu otome

 

            Une floraison rouge

Resplendit sur ce jardin printanier :

            Les fleurs des pêchers

Se reflètent sur le sol;

Dans une allée, une jeune fille est debout.

 

Ōtomo no Yakamochi – 4139

Trad. H. Nagashima

 

Suivant les traces de son père, il était bureaucrate à la Cour, mais il a moins bien réussi puisqu'il n'a atteint qu'un rang de chūnagon[58]中納言.

Il a vécu dans un environnement particulièrement poétique. Fils aîné de Tabito, il a été élevé, à la mort de son père (il avait quatorze ans et avait déjà perdu sa mère trois ans plus tôt), par sa tante Ōtomo no Sakanoue no Iratsume[59].

Enfin il a probablement été influencé par Yamanoue no Okura[60], ami de plume de son père.

A l'âge de 30 ans, il est nommé Gouverneur de la province d'Etchū 越中国[61]. Avec d'autres officiels de cette province reculée, il a constitué un petit groupe de poésie, dont il tiendra un journal pendant près de 5 ans. La plupart de leurs poèmes sont inclus dans les livres 17 à 19 du Man’yoshū.

En 758, il travaille au Ministère de l'Armée, ce qui lui permet de collecter des poèmes de garde-frontières[62], allant même jusqu'à composer des poèmes en tant que garde.

Il est un des compilateurs du Man’yoshū, chronologi-quement, le dernier. Les volumes 17 à 20 lui sont attribués.

 

 

Après des déboires politiques, et en raison d'une implication supposée dans un assassinat, il est tombé en disgrâce et a été nommé Gouverneur de la lointaine province d'Inaba 因幡国[63]. C'est là qu'a été écrit le dernier poème du Man’yoshū, sur un banquet de Nouvel-an en 759.

Bien que Yakamochi ait encore vécu 26 ans, après cet exil, ses poèmes écrits après 759, s'ils ont existé, n'ont pas été sauvegardés.

Réhabilité en 806, il est passé à la postérité comme un des 36 immortels[64].

 

Jeune homme, il a échangé des tanka d’amour avec de nombreuses femmes.

 

 

夢之相者 苦有家里 覺而 掻探友 手二毛不所觸者

 

Ime no ai wa

kurushi kari keri

mezame kite

kaki sagure domo

te ni wa fureneba

 

Après sa rencontre

Dans un rêve,

Le réveil fut terrible.

Lorsqu'en tâtonnant

Ma main ne la trouva point.

 

Ōtomo no Yakamochi – 741

Trad. H. Nagashima

 

Il a également écrit des chōka, des élégies et des poèmes, plutôt tristes, vantant des paysages montagneux.

Comme son père, il pratiquait une ‘élégante confusion’ des sens, à l’image de la neige se mêlant aux fleurs de prunier.

 

Connaissant la poésie traditionnelle, Yakamochi s’exprimait dans des styles et un langage conventionnels, parfois démodés. Mais son œuvre, si importante[65], présentait aussi les caractéristiques de cette nouvelle poésie, qui marquera les siècles à venir : sensibilité délicatement nuancée et  émotion subtilement reflétée au travers d’élégantes peintures de la nature.

 

夏山之 木末乃繁尓 霍公鳥 鳴響奈流 聲之遥佐

 

Natsu yama no

konure no shige ni

hototogisu

nakitoyomu naru

koe no harukesa

 

En été, dans la montagne,

A la cime touffue des arbres,

Du coucou

Si fort résonne le chant

Que bien loin s'entend sa voix.

 

Ōtomo no Yakamochi – 1494, Trad. C. Péronny

 

 

Ü     l'Impératrice Jitô 持統天皇[66](645-703)

 

Seconde fille de l'empereur Tenji 天智天皇, elle a été mariée au Prince Ōama 大海人皇子(son oncle, le plus jeune frère de Tenji) qui est devenu l'Empereur Temmu 天武天皇.


,

春過而 夏来良之 白妙能 衣乾有 天之香来山

 

haru sugite

natsu kutaru rashi

shirotae no

koromo hoshitari

ameno Kaguyama

Le printemps est passé,

Et l'été semble arriver.

Des blancheurs immaculées

Sèchent au soleil

Sur Kagu, le mont céleste.

Jitô Tennō – 28, Trad. H. Nagashima

 


A la mort de son mari, en 687, elle est devenue la 41ème souveraine (tennō) du Japon. Charge qu’elle a tenue jusqu’en 697, date de son abdication en faveur de l’Empereur Mommu 文武天皇.

 

Jitō était aussi une kajin reconnue, et l'un de ses waka est en ouverture du Hyakunin Isshu 百人一首[67], l’anthologie très populaire réalisée par Fujiwara no Teika 藤原定家.

 

 

 

Ü     La princesse Nukata 額田王[68](630-690)

 

Elle était liée avec les deux plus puissants Empereurs de son temps : les frères Tenji & Temmu.

Fille du prince Kagami, elle est originaire, du côté de sa mère, d'une famille spécialiste des traditions orales, des mythes et des chants. Peut-être est-ce d'avoir été élevée dans cet environnement littéraire, qu'elle s'est distinguée à la Cour par sa compétence poétique. Même si ses poèmes ne sont que douze dans le Man’yoshū, elle est considérée comme la plus grande poétesse de cette génération (époques Fujiwara et Nara confondues). C’était en réalité la première personne de l'histoire littéraire japonaise à être réputée avant tout comme poète.[69]

Elle a été mariée une première fois au Prince Ōama (le futur Empereur Temmu) puis, aux environs de 658, à son frère le Prince Naka no Ōe (le futur Empereur Tenji).[70]

 

 

茜草指 武良前野逝 標野行 野守者不見哉 君之袖布流

 

akane sasu

murasaki-no yuki

shime-no yuki

nomori wa mizu ya

kimi ga sode furu

 

Tantôt passant sur des champs

D'herbes violettes

Tantôt sur ceux réservés à la chasse;

Au risque d'être découvert par le garde

Vous agitez quand même votre manche.

 

Nukata no Ōkimi – 20

Trad. H. Nagashima

 

 

Elle était une prêtresse shintō de haut rang. Et « beaucoup de poèmes signés, dans le Man’yoshū, Lady Nukata sont en réalité attribués à l’Impératrice Saimei 斉明天皇[71], signifiant ainsi qu’elle aurait  composé des poèmes, au nom de l'impératrice, en tant que prêtresse. »[72]

 

君待登 吾戀居者 我屋戸之 簾動之 秋風吹

 

Kimi matsu to

Waga koi oreba

Waga yado no

Sudare ugokashi

Aki no kaze fuku

 

Vous attendant mon seigneur,

Perdue dans mes pensées,

Tout à coup se produit

Une agitation à ma fenêtre :

Souffle du vent d’automne.

 

Nukata no Ōkimi – 488

 

 

 

Ü     Ōtomo no Sakanoue[73] 大伴坂上郎女 (728-746)

 

青山を横ぎる雲のいちしろく我れと笑まして人に知らゆな

 

aoyama o

yokogiru kumo no

ichijiroku

ware ni emashite

hito ni shirayu na

 

Comme un nuage

Passant devant la verte montagne;

Voile ton sourire

Pour ne point attirer

L'attention du monde.

 

Ōtomo no Sakanoue – 688

Trad. H. Nagashima

 

Fille d'Ōtomo no Yasumaro, elle est la demi-soeur de Tabito et la tante de Yakamochi, qu'elle a élevé.

Dans le Man’yoshū sont recensés d’elle un sedōka, 6 chōka et 77 tanka, beaucoup adressés aux membres de sa famille.

C'est le record de poèmes attribués à  une femme dans cette anthologie.

Elle s'est mariée trois fois : elle était une des favorites du prince Hozumi[74] 穂積皇子; A sa mort, en 715, elle épousa Fujiwara no Maro 藤原麻呂; puis, en dernière noce, dans les années 730, Ōtomo no Sukunamaro 大伴宿奈麻, son demi-frère.

De ce dernier mariage, sont nées deux filles : Ō-iratsume et Oto-iratsume, l'aînée devint le femme de Yakamochi.

 

朝髪之 念乱而 如是許 名姉之戀曽 夢尓所見家留

 

Asakami no

Omoimidarete

Kaku bakari

Nane ga koure so

Ime ni miekeru

 

Démêlant mes cheveux de bon matin,

Mes pensées distraites par votre amour,

Votre désir pour moi

A été si fort, chère enfant,

Que vous m’êtes apparue en rêve.

 

Ōtomo no Sakanoue – 724

En réponse à se fille aînée

 

« La plupart de ses poèmes sont habiles et élégants. Parfois inspirés de la forme chinoise, ils montrent des astuces techniques et des subtilités intellectuelles. D'autres, plus traditionnels, emploient formes et techniques de la poésie archaïque et des chansons ancestrales. »[75]

 

En 731, à la mort de Tabito, elle devint le chef du clan familial. Gérant les affaires religieuses et sociales, elle a composé de nombreux poèmes à des banquets et en adressait d’autres, pour le compte du clan, aux souverains. Au côté de cette ‘poésie sociale’, nous pouvons lire des vers plus intimes, comme par exemple, l’expressions de son affection pour le jeune couple formé par sa fille et son fils adoptif.

 

L’émergence de cette ‘poésie privée’, qui n’est plus employée pour servir un statut social, est caractéristique de la dernière période du Man’yoshū.

 

 

Ü     Sano no Chigami no Otome[76] 狭野茅上娘子

 

Fille de Sano Otogami, elle a servi, comme domestique,  la Grande Prêtresse du Temple d'Ise. En violation de l’interdiction d’introduire des hommes dans le palais de la prêtresse, elle a eu une liaison avec Nakatomi no Yakamori 中臣宅守. Leur relation découverte, Yakamori a été exilé en 738 environ à la province d'Echizen.  La veille de son départ, elle lui a adressé ce poème, un des plus connus du Man’yoshū :

 

君が行く 道の長路を 繰り畳ね 焼き亡ぼさむ 天の火もがも

 

kimi ga yuku

michi no nagate o

kuritatane

yakihorobosan

ame no hi mogamo

Le long chemin

Que vous devez prendre,

Je voudrais le réduire en le pliant

Et que le feu du ciel le brûlât

Pour le faire disparaître.

Sano no Chigami – 3724 ; Trad. H. Nagashima

Le livre 15 du Man’yoshū contient 63 poèmes d'amour échangés entre Chigami (23 lui sont attribués) et Yakamori sur la souffrance de leur séparation.

« Ses tanka d'amour tiennent la première place dans le Manyôshû. »[77] D’un style élégant, révélateur d’une maîtrise technique certaine, ils véhiculent cette intense passion caractéristique de la poésie féminine du 9ème siècle.

 

 

Ü     Les poètes anonymes

 

Il y a un nombre impressionnant de poèmes anonymes dans le Man'yoshū.

 

朝烏 早勿鳴 吾背子之 旦開之容儀 見者悲毛

 

Asa-garasu

Hayakuna naki so

Waga seko ga

Asake no sugata

Mireba kanashimo

Corbeau du matin

Ne croasse pas trop tôt,

De mon cher amant

Si pénible il m'est de voir

La silhouette à l'aurore

Anonyme – 3095

Trad. C. Péronny

 

1851 poèmes[78], plus de 40%, est le plus petit chiffre probable. Il est en effet difficile d'être extrêmement précis, car des poèmes sont attribués de façon incertaine, notamment lorsqu'ils sont extraits d'anthologies personnelles. Quand le Man'yoshū mentionne, par exemple, comme auteur : 柿本人麻呂歌集 soit ‘Recueil de chants/poèmes’ (歌集) de Kakinomoto no Hitomaro (柿本人麻呂), l'auteur est-il Hitomaro ou est-ce Hitomaro qui a sélectionné ce poème pour son anthologie sans en préciser l'auteur ?

Vaste énigme...

 

 

Le livre 14 est également connu pour... ses inconnus.

Des chants folkloriques transformés en poèmes, ont été signés Azuma-uta東歌 (Chants des provinces de l'est[79]). Pleins de fraîcheur, ils parlent des réalités quotidiennes dans le dialecte local.

 

Le volume 20, quant à lui répertorie les poèmes de gardes-côtes inconnus. Dans ces sakimori-uta 防人, les soldats, éloignés de leur famille, y expriment souvent leurs peines d’être ainsi séparés de leurs êtres chers.

 

D’autre part, des poèmes inconnus pourraient être attribués à des auteurs célèbres comme Yakamochi ou Mushomari. Pour deux raisons. Nombre de poèmes d’inconnus ont été révisés, améliorés par les compilateurs ; il était fréquent de composer « à la manière de » ou « au nom de » comme Yakamochi qui, nous l’avons vu, à composer des poèmes comme s’il était un garde-frontière.

 

 

 

 

Quatre périodes sont couramment distinguées dans le Man’yoshū :

La bataille de Jinshin (壬申の乱 jinshin noran)en 672, clôt la première partie, débutant en 629. La seconde se termine en 710, date du transfert de la capitale à Nara. Elle couvre ainsi les années restées sous l'influence de Kakinomoto no Hitomaro. La troisième ne dure environ qu'un quart de siècle, le temps de la période Nara. La quatrième, enfin, s'arrête en 759, année du dernier poème daté de l'anthologie.

 

 

Malgré ces différences, « l’ensemble du recueil pourrait grosso modo être caractérisé par la sincérité du sentiment, et une sereine contemplation du monde. »[83]

La contemplation de la nature, objectivement, pour sa seule beauté se manifeste dans de nombreux poèmes. Selon Claude Péronny[84], 20% des poèmes se réfèrent à une plante ou un animal. Toutefois, « même si nombre de poèmes et certaines séries ont pour intitulé le nom d'un animal, il est rare que celui-ci en soit le personnage principal, ce rôle revenant presque toujours à un ou à des acteurs humains, et souvent à l'auteur lui-même. »

Il est vrai que les poètes exprimaient de plus en plus leurs sentiments personnels.

Avant, les tankas se répandaient oralement, si bien que le nom de l'auteur finissait par être oublié à force d'être chanté par tout le monde. Mais le passage à une tradition écrite permit aux auteurs de s'exprimer pleinement, menant le tanka au summum.

Le Man'yoshū reflète cette transition, et montre l'évolution du genre. A ce titre, il est d'une valeur historique.

 

 

 

 

 

 



[1] man : dix mille - yo : feuille - shū : recueil

Le titre se traduit généralement de deux manières : recueil des dix-mille feuilles (feuilles pouvant être une métaphore du poème) ou recueil des dix-mille générations. En effet, le signe yo signifie à la fois feuilles et âge. 

[2] A la suite des noms sont portés les numéros des poèmes, tels que répertoriés dans le Man’yoshū

[3] Voir le  paragraphe consacré aux poètes les plus célèbres

[4] W. G. Aston in Littérature japonaise, Traduction de Henry-D. Davray

Librairie Armand Colin, Paris, 1902

[5] Voir les définitions dans l’article précédent

[6] Dernière strophe du chōka composée sous la forme d'un tanka

[7] Toujours autour de 4500 poèmes, sachant qu’un poème, ou une série de poèmes, peut apparaître à plusieurs reprises en différents volumes.

[8] C’est un tan-renga 短連歌, ou renga court, à la fin du volume 8 (le poème n°1635). Un tan-renga est un waka à deux voix : la première partie (tercet de la forme 5/7/5) est composée par une nonne bouddhiste, et la deuxième (distique de forme 7/7) par le poète Ōtomo no Yakamochi, en réponse.

Quant au 1er renga 連歌 long connu, il date de 1130 environ.

[9] Pour des raisons évidentes de compréhension, l’ordre des lignes n’est pas respecté dans la traduction

[10] Sortes de huttes construites près des rizières et qui étaient habitées par des gardiens. L'emploi de sacré indique peut-être que l'on y préparait le riz destiné à être offert aux divinités.

[11] A l'origine ce mot signalait un endroit où se trouvait un sanctuaire, mont ou forêt sacré, un lieu où un dieu serait descendu du ciel. Il s'agit peut-être de Kazuchi-oka en Asuka.

[12] Sorte d'orme

[13] momotarazu signifie un grand nombre, mais inférieur à cent

[14] hiyuka = poème métaphorique ou allégorique

[15] Composé quand le poète se trouvait sur les ruines d'une ancienne capitale au bord du Lac d'Omi

[16] Tanka offert à trois hauts fonctionnaires auxquels l'empereur confia des missions en province.

[17] Une légende raconte qu'une princesse céleste, la Tisserande (Orihime - Véga), lasse de tisser la trame du ciel pour chaque saison, descendit sur terre et y rencontra le Bouvier (Hikoboshi - Altaïr), un jeune vacher, avec lequel elle vécut, paisible et heureuse.

Mais l'empereur brisa cette union et ramena de force sa fille au royaume.

Le Bouvier partit à la recherche de son épouse. Approchant du but, l'impératrice mit au travers de sa route une large rivière impétueuse, la Voie lactée.

La Tisserande et le Bouvier restèrent chacun d'un côté de cette dernière.

Toutefois, comme sa fille refusait obstinément de reprendre son tissage céleste, l'empereur accepta de faire une concession : une fois l'an, les amoureux pourront franchir la Voie Lactée pour se retrouver. C'est la fête des étoiles : Tanabata 七夕

[18] mondō 問答, ou poème à répétition. C’est un double kata-uta, écrit par deux auteurs : un jeu, parfois, de question-réponse instantané. Le kata-uta 方歌 est un chant de rythme  5/7/7

[19] Ancienne dénomination du Japon

[20] Ce tanka, composé par une femme, est le hanka d'un chōka

[21] Nara = capitale de 710 à 784

[22] Un homme de la suite de la délégation envoyée à Shiragi

[23] Bussokusekika, ou Bussokuseki no Uta, sont des poèmes inscrits sur la Pierre aux empreintes de pied de Bouddha,visible au temple de Yakushi 薬師寺 a Nara 奈良. Au total, 21 textes de la forme 5-7-5-7-7-7.

[24] « Ce tanka est la hanka d'un chōka que Yakamochi composa au mois de juin, heureux de voir approcher de noirs nuages de pluie, après la sécheresse qui a duré tout le mois de mai de l'an 749 à Etchû. » précise Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°18

[25] « Avant de quitter Etchû, Yakamochi, nommé à Kyōto, adresse ce tanka à Kume Hironawa, pas encore rentré d'une mission officielle à la capitale. » précise Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°19

[26] Composé en février 755 par un garde-côte muté, sur ordre impérial, à Tôtômi, ouest du Japon. (Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°20)

[27] in Dictionnaire historique du Japon de Seiichi Iwao - Maisonneuve & Larose, 2002

[28] Kuni Matsuo in Histoire de la littérature japonaise des temps archaïques à 1935 - Ed. Société française d'éditions littéraires et artistiques , Paris 1935

[29] Michel Revon in Anthologie de la littérature japonaise des Origines au XXe siècle - Ed. Librairie Delagrave, Paris, 1910

[30] Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°4

[31] ou Kakinomoto Hitomaro, ou Kakinomoto no Asomi Hitomaro

[32] Grand poète de la période Heian, Fujiwara no Kintō (966-1041) est un des compilateurs du Shūi Wakashū 拾遺和歌集,, une des anthologies impériales (voir chapitre suivant)

[33] Hisayoshi Nagashima

[34] in A Waka Anthology: Volume One: The Gem-Glistening Cup  Par Edwin A. Cranston - Stanford University Press, 1998

[35] in Encyclopédie du Japon, Kodansha Ltd.

[36] Une vingtaine de nagauta et une soixantaine de tanka dans le Man’yoshū. Certaines sources lui attribuent plus de 300 poèmes du Man’yoshū... En réalité, le Man’yoshū s'est inspiré de nombreuses anthologies personnelles de poésie (shikashû 私家集) dont la compilation réalisée par Hitomaro, le Hitomaro Kashû 人麻呂歌集. De nombreux poèmes extraits de cette collection ne sont donc pas de l'auteur lui-même.

[37] Ancienne province du Japon correspondant à une partie de l’actuelle préfecture de Shimane

[38] Une des principales ressources poétiques de cette période. Des mots simples, ou des groupes de mots, qui, associés à d’autres expressions – par le sens ou les sonorités, tissent des liens avec d’autres poèmes ou au sein du même poème. Cette association, qui paraît parfois ambiguë, amplifie le sens du poème et lui octroie une certaine profondeur.

[39] in Encyclopédie du Japon, Kodansha Ltd

[40] ou Yamanobe no Akahito. Parfois identifié Yamabe (ou Yamanobe) no Sukune Akahito

[41] Ce poème est le premier des trois hanka qui suivent un chōka de Akahito alors qu'il visitait les îles Karani.

[42] dans la préfecture de Nara, célèbre pour ses cerisiers et le temple Kimpusen-ji 金峯山寺. Site inscrit aujourd’hui au patrimoine mondial de l’UNESCO.

[43] Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°3

[44] in A Waka Anthology: Volume One: The Gem-Glistening Cup  Par Edwin A. Cranston - Stanford University Press, 1998

[45] ou Yamanoe no Omi Okura (écrit parfois Yamanoue)

[46] Royaume, allié du Japon, situé dans la région sud-ouest de la péninsule coréenne

[47] Autre royaume de Corée

[48] Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°3

[49] cf note n°17

[50] Ancienne province du Japon. Actuelle préfecture de Fukuoka 福岡県, située au nord de l’île de Kyūshū 九州

[51] cf note n° 21

[52] in Dictionnaire historique du Japon de Seiichi Iwao - Maisonneuve & Larose, 2002

[53] ou Ōtomo no Sukume Tabito

[54] Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°7

[55] in Dictionnaire historique du Japon de Seiichi Iwao - Maisonneuve & Larose, 2002

[56] L’emplacement de l’administration impériale de Kyūshū

[57] ou Ōtomo no Sukume Yakamochi

[58] Il existait trois niveaux de responsabilités chez les Conseillers d'Etat de cette période : dainagon au niveau supérieur, chūnagon au rang intermédiaire et shōnagon en dernier.

[59] voir infra

[60] voir supra

[61] Ancienne province, de l’île de Honshū 本州, située sur la mer du Japon. Aujourd'hui la préfecture de Toyama 富山県

[62] voir ci-dessous le paragraphe consacré aux poètes anonymes

[63] Ancienne province correspondant approximativement à l’actuelle préfecture de Tottori

[64] voir paragraphe sur Yakamochi

[65] 46 chōka, 432 tanka et un sedoka dans le Man’yoshū. Avec plus de 10% de l’anthologie à son actif, il est donc le poète le plus souvent cité. Est-ce parce qu’il a été le dernier des compilateurs ?

[66] ou Jitō Tennō

[67] voir chapitres suivants

[68] ou Nukata no Ōkimi. Connue aussi sous le nom de Nukada

[69] in A Waka Anthology: Volume One: The Gem-Glistening Cup  Par Edwin A. Cranston - Stanford University Press, 1998

[70] voir à propos, la note n° du Kojiki sur la guerre de succession de Jinshin, en 672.

[71] La princesse Takara qui a accédé deux fois au trône : impératrice Kōgyoku 皇極天皇, de 642 à 645, puis Impératrice Saimei de 655 à 661

[72] in Traditional Japanese Literature: An Anthology, Beginnings to 1600 par Haruo Shirane - Columbia University Press, 2008

[73] ou Ōtomo no Sakanoue no Iratsume

[74] ou Hozumi Shinnô ou Hozumi no Miko

Prince impérial, 5ème fils de l'Empereur Temmu. Il était daijō-daijin 太政大臣 (l’équivalent du Premier Ministre) sous les règnes de Mommu & Gemmei.

[75] in Encyclopédie du Japon, Kodansha Ltd

[76] surnommée ‘La vierge Sano no Chigami’

[77] Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°4

[78] 1770 tanka, 71 chōka et 10 sedōka

[79] Le Dictionnaire historique du Japon recense, comme provinces de l'est, les régions suivantes : Sagami, Musashi, Kōzuke, Shimotsuke, Kazusa, Shimōsa, Hitachi, Awa, Suruga, Tōtōmi, Izu, Shinanoet Mutsu.

Notons que l’éditeur You-Feng a publié un ouvrage regroupant les azuma-uta :

http://www.you-feng.com/kudaka_yasuko_azuma-uta_expression_amou_poesie_japon_VIIIeme_siecle_bilingue.php

[80] Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°3

[81] in Encyclopédie du Japon, Kodansha Ltd

[82] Hysayoshi Nagashima dans la Revue du Tanka International n°65

[83] in Dictionnaire historique du Japon de Seiichi Iwao - Maisonneuve & Larose, 2002

[84] Claude Péronny in Les animaux du man'yoshū (Ed. Collège de France IHEJ, 2007) : « 720 poèmes mettent en scène des animaux (72 noms dont un tiers ne sont mentionnés qu'une fois – le coucou emporte la palme avec 140 citations) et 139 variétés de plantes apparaissent dans plus de 1600 textes. »





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